Préambule historique au roman
Le XVIe
siècle, à travers la politique, la religion, les sciences et les arts, est une
époque charnière dans l’Histoire des sociétés occidentales ; il marque ce
qu’il est convenu d’appeler la naissance des temps modernes. Les regards des
nobles, des bourgeois et des gueux ont accueilli avec émerveillement les images
issues de la Renaissance toscane et flamande. L’Humanisme renaissant s’est
emparé avec passion des œuvres d’art gréco-romaines, de l’imprimerie, de la
découverte de l’Amérique, de l’interprétation copernicienne du mouvement des
planètes. En contrepoint à ces ouvertures enthousiasmantes, les hommes,
emportés par leurs tempéraments, l’appât du gain, la soif de puissance et la
foi détournée de ses objectifs premiers ont donné un exemple édifiant de ce
qu’ils sont capables de faire. La confrontation entre Catholiques et Huguenots
a secoué l’Europe : une impitoyable guerre religieuse les a poussés à se
massacrer au nom de Dieu.
François Ier,
qui ne disposait pas du soutien financier des grands banquiers européens, les
Fugger, les Welser, les Fornari, les Vivaldi, les Gualterotti, s’est fait ravir
le titre d’empereur du saint Empire Romain Germanique par Charles de Habsbourg
à l’élection du 27 juin 1519. Il a mené tout au long de son règne une guerre
acharnée contre ce dernier : le face-à-face entre le Saint-Empire de
Charles Quint et le Royaume de France a ensanglanté le Piémont, le Milanais, la
Provence, le comté de Nice, la Catalogne et les Flandres. La défaite de l’armée
française à Pavie, en 1525, l’emprisonnement en Castille du roi de France et la
signature du traité de Madrid ont assuré une paix de dix années, mais la mort
du dernier Sforza (le duc de Milan) a remis le feu aux poudres : l’armée
française, en 1536, a envahi la Bresse, la Savoie et le Piémont afin de prendre
le contrôle de la Lombardie. Le duc de Savoie Charles III (ou Charles II selon les
historiens), privé de la presque totalité de ses terres, s’est réfugié à Nice
puis à Verceil.
La volonté de
s’opposer à la puissance de Charles Quint a conduit François Ier à
se rapprocher politiquement de l’empire Ottoman. Il a envoyé à Constantinople,
dès l’an 1536, un premier ambassadeur nommé Jean de la Forêt pour établir des
accords commerciaux (les capitulations) avec le sultan Soliman. Une deuxième
entente préparée quelques années plus tard par Antoine Escalin des Aimars a
complété les premiers textes d’un volet militaire, volet qui a formalisé une
« alliance de revers » susceptible de prendre les troupes de Charles
Quint en tenaille. Cette alliance s’est concrétisée par l’arrivée à Marseille
de l’armada ottomane commandée par l’amiral Barberousse et par l’attaque
dirigée contre Nice qui était devenue le dernier rempart de la Maison de
Savoie.
L’acharnement
de la Royauté française à ôter Nice à
la Maison de Savoie paraît peu
compréhensible. La faible étendue territoriale et la
faiblesse de la production
agricole ne faisaient pas des « Terres Neuves de
Provence » une possession
susceptible d’attirer tant de convoitise. La position
stratégique de la rade de Villefranche, sur la route maritime
entre Valence et Pise, demeure la raison géopolitique
la plus vraisemblable. Si les causes de la guerre engagée contre
Nice sont mal
connues, les faits, par contre, sont bien établis.
L’historien Hervé Barelli,
dans son ouvrage Raves, Beurre et
Pissalat, après les travaux de Pierre Gioffredo, de Robert Latouche et
d’André Compan, en apporte une analyse détaillée.
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Les protagonistes
du côté de la Maison de Savoie
l'empereur Charles Quint
Charles de Habsbourg jeune homme
(musée du BROU - Bourg-en-Bresse)
du côté de la Maison de Savoie :
Alfonso de Avalos
marquis Del Vasto
gouverneur impérial de la Lonbardie
(source Printerest)
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