gravure réalisée vers 1880
par Emmanuel COSTA (1833-1921)
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CATHERINE SEGURANE
Christian MARIA
romancier
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Catherine SEGURANE,
surnommée "La Maufacha" (la femme mal faite), est une lavandière qui vivait
à Nice au XVIe siècle. Elle est connue, par
l'intermédiaire de la tradition orale, pour avoir
vaillament résisté aux ennemis durant le siège
Franco-Ottoman de 1543.
Le siège Franco-Ottoman de Nice dans lequel
cette lavandière s'est distinguée
est la conséquence des "capitulations" (accords commerciaux et
militaires) entre le roi de France François Ier et le sultan
ottoman Soliman. Ces accords avaient pour objectif stratégique
de prendre le Saint Empire romain germanique de Charles Quint en
tenaille entre les armées françaises qui attaqaient en
occident et les armées ottomanes qui attaquaient en orient,
c'est à dire en Hongrie que le sultan était en train de
conquérir. Cette alliance s'est militairement
concrétisée par l'arrivée à Marseille de
l'armada ottomane commandée par l'amiral Barberousse. L'armada
s'est ensuite rendue avec la flotte de guerre française sur la
côte niçoise pour conquérir le dernier fief du duc
de Savoie. Les janissaires et les soldats du roi ont
alors mis le siège de la ville dont les habitants ont
refusé d'ouvrir les portes. La population niçoise a
opiniatrement
défendu la cité, et c'est durant un assaut mené le
15 août 1543 que Catherine Ségurane
s'est distinguée en repoussant des janissaires à l'aide
de son battoir de lavandière. Après
la capitulation de la ville, survenue le 22 août 1543, les
assaillants ont assiégé la forteresse
de la Maison de Savoie qui a résisté jusqu'à
l'arrivée d'une armée impériale.
Un buste en marbre à l'effigie de Catherine SEGURANE a été
plaçé dans la seconde moitié du XVIe siècle
près de la porte Pairolière qui donnait
accès à la route des Alpes. Il est aujourd'hui
conservé dans les collections des musées de Nice. Un
texte écrit au début du XVIIe siècle par le
sénateur niçois Antoine FIGHIERA relate cet
épisode guerrier :
"Le second événement eut lieu au bastion
Saint-Sébastien. Alors qu’un porte-étendard des Turcs l’escaladait avec une
enseigne turque déployée, une femme de la ville s’y opposa. On l’appelait la
Femme mal faite, et, avec un battoir, elle frappa de la main gauche la hampe de
l’enseigne et de l’autre, avec la masse, elle frappa le porte-étendard turc,
elle lui arracha et précipita l’homme au bas de la muraille..."
La
tradition orale, reprise par divers récits écrits au
cours des siècles, fait état d'un geste obscène qui paraît
curieux à notre époque : la lavandière aurait
montré son postérieur aux assaillants. Ce geste, s'il a
existé,
était cependant conforme aux moeurs de l'époque. Il n'avait rien de
grivois, car il était destiné à humilier l'ennemi.
Le récit des exploits de Catherine Ségurane s'est
perpétué au cours des siècles, chaque narrateur
arrangeant l'histoire à sa façon.
Certains auteurs dans un esprit négacioniste de
déconstruction de l'Histoire ont réfuté
l'existence historique de cette lavandière. Afin
d'acquérir une connaissance la plus exacte possible, il
paraît nécessaire de remonter aux
"sources". Tel est l'objectif du texte du Dr. Jean-Philippe
FIGHIERA qui
a été rédigé, en 2021, dans le cadre
d'une post-face historique pour le roman de Christian MARIA
intitulé LE DERNIER REMPART DES SAVOIE. Ce texte intitulé
"Catherine Ségurane, personnage historique" est accessible
çi-dessous en format pdf :
Catherine Ségurane, personnage historique
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Monolithe de 4
mètres de hauteur sur 1,70 mètres de large dont
réalisé par le sculpteur Biagetti (maison Vannucci) qui
immortalise les traits de Catherine Ségurane, tenant d’une
main son battoir de lavandière et de l’autre
l’étendard ottoman.
Le texte gravé en bas du monolithe est le suivant :
A / CATARINA SEGURANA / EROINA NISSARDA / LOU COUMITAT DEI TRADISSIOUN
NISSARDI / A ELEVAT ACHEU MONUMENT PER SOUSCRISSIOUN / PUBLICA / MOUSSU
PEIRE GAUTIER ESSEN MERA DE NISSA / SIEGE DE NISSA AOUST 1543 / INAUGURASSIOUN
DOU MOUNUMENT 23 NOUVEMBRE / 1923
(photographie Christian MARIA)
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Buste
en marbre qui a été plaçé près de la
porte Pairolière dans la seconde motié du XVIe
siècle.
Texte gravé en partie basse :
" 1543 - CATARINA SEGURANA
DICTA DONNA MAUFACCIA "
(photographie Marc TANZI) |
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