LE CONTEXTE HISTORIQUE
EUDOXIE LASCARIS : ce
roman revisite le passé du comté de Tende, fief qui était situé dans les Alpes
méridionales entre Provence et Piémont. Il redonne chair à la vie d’une princesse
de l’Empire romain d’Orient dénommée Eudoxie Lascaris qui a été mariée, vers
l’âge de 13 ans, avec Guillaume-Pierre de Vintimille. Il intègre les éléments
régionaux et européens qui ont conduit à
la naissance de la dynastie des Lascaris-Vintimille (ou Lascaris de
Vintimille). Afin d’aborder plus clairement le contexte historique médiéval, il
convient de remarquer que les comtes de Vintimille, seigneurs de Tende et de La Brigue,
étaient confrontés à l’expansion de deux puissances régionales :
— la
République de Gênes, surnommée «La Superbe»,
— et les
comtes de Provence, dont Charles Ier d’Anjou (frère du roi de France
Louis IX) devenu roi de Naples et de Sicile en 1266.
À un
niveau supérieur de puissance, deux empires se partageaient alors le pouvoir
dans l’Europe du XIIIe siècle :
—
l’Empire romain d’Orient qui comprenait la Grèce ainsi qu’une partie de
l’actuelle Turquie,
— et
le Saint-Empire romain germanique, qui regroupait un ensemble de principautés
flamandes, allemandes et italiennes.
GRIMALDI LA MALIZIA : quatre
Républiques maritimes de la péninsule italienne,
Amalfi, Pise, Gênes et Venise, ont joué un rôle
majeur dans l’importation des
produits orientaux durant l’époque
médiévale. Amalfi a été
éliminée de ce commerce
lucratif en 1135 par les Pisans sensés l’aider à
contrer l’influence normande.
Pise a été éliminée par Gênes en 1283
suite à la bataille navale de la Meloria.
La République de Gênes a mené quatre guerres, entre
1255 et 1381, contre Venise sans parvenir à la vaincre.
La situation d’intermédiaire commercial entre l’Orient et
l’Occident a permis aux grandes familles génoises (Grimaldi, Spinola, Doria,
Fieschi et Imperiale) de constituer des fortunes colossales. Ces familles de
marins, d’armateurs, de marchands et de banquiers, ces «alberghi», se sont
opposées politiquement et commercialement. Elles ont mené entre elles une lutte
fratricide qui a fait de Gênes le théâtre d’une confrontation sanglante entre
les tenants du parti Guelfe et ceux du parti Gibelin. Ces deux partis étaient
nés en Allemagne, au XIIe siècle, dans la lutte entre deux lignages
entrés en concurrence pour l’élection au titre d’empereur du Saint-Empire
romain germanique : les Hohenstaufen de Souabe, seigneurs de Waiblingen (les
Gibelins) contre les « Welf » de Bavière
(les Guelfes). Ils ont perduré, après la prééminence des Hohenstaufen en
s’enrichissant d’une confrontation entre les empereurs et les papes qui
exerçaient alors un pouvoir autant spirituel que temporel. D’autres
oppositions, basées sur des intérêts mercantiles ou des ambitions politiques
locales, ont également alimenté la confrontation entre le parti Guelfe (pars ecclesiae) qui soutenait le pape et
le parti Gibelin (pars imperii) qui soutenait l’empereur.
Cette violente opposition entre Guelfes et Gibelins a
provoqué, par deux fois, la mise au ban des Grimaldi. Cette puissante famille a
été contrainte de s’exiler en Provence orientale sur les terres de la Maison
d’Anjou : une première fois de 1271 à 1276 et une seconde fois de 1295 à
1301. Le second exil a été marqué par la
geste médiévale du seigneur François Grimaldi qui a arraché Monaco à la République
génoise. La date traditionnellement admise pour cette conquête est le 8 janvier
1297. Cette conquête donna lieu à une occupation de Monaco qui dura quatre ans
et trois mois. François Grimaldi, dénommé « De Mazia » dans la
chronique de Guillaume Ventura écrite au XIIIe siècle, a été
surnommé, quelques siècles plus tard, « La Malizia » (Le Rusé). La
geste médiévale de ce patricien génois a laissé son empreinte dans les
armoiries des Grimaldi de Monaco qui comportent deux moines de part et d’autre
du blason à écu fuselé rouge et blanc. Elle est de nos jours considérée comme
étant à l’origine de la Principauté de Monaco. L’abandon provisoire de Monaco
par les Grimaldi, en l’an 1301, est dû à la pression exercée par Charles II
d’Anjou, roi de Naples, comte de Provence, d’Anjou et du Maine, qui désirait
établir un équilibre politique dans ses relations avec la République de Gênes.
ASTRUGE DE BEUIL : l’impitoyable
opposition entre les Guelfes et les Gibelins génois a eu plusieurs conséquences
en Provence orientale. La geste médiévale de François Grimaldi pour conquérir
Monaco en 1297 est sans doute la plus connue. L’installation en Provence de
familles ne désirant pas retourner dans une cité en butte à une guerre civile
larvée en est une autre. Ce fut notamment le cas d’un membre de « l’albergo » des Grimaldi
dénommé Barnabé
qui est cité dans des textes de 1285 à
1327. Barnabé Grimaldi a élu résidence
à Nice à la fin du
XIIIe siècle. Parmi les cinq enfants qu’il a eu avec dame Tiburge,
un dénommé Andaron a épousé Astruge de Beuil, l’unique héritière du seigneur de
Beuil. Il a créé avec elle la dynastie des Grimaldi des Grimaldi de Beuil qui a
régné jusqu’au XVIIe siècle sur la plus grande baronnie de Provence et
a joué un rôle politique majeur dans le comté de Nice.
La
date de ce mariage demeure inconnue. Elle peut se situer avant
l’année 1315
durant laquelle le seigneur de Beuil, Guillaume Rostaing, a
été assassiné dans
une jacquerie au château de Thierry, ou après cette
jacquerie qui a certainement mis Astruge en difficulté.
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blason des Lascaris-Vintimille
au plfond du palais Lascaris de Nice
Tende, fief des lascaris-Vintimille
staue de François Griamldi et palais princier de Monaco
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