Didier BONNAFOUS
Auteur niçois qui s'est lancé dans l'aventure de
l'écriture en 2013. Il a publié trois romans (au premier
trimestre 2015) dans la collection Noun Oublida aux éditions Les Voyageurs du Temps : Le Juriste ou la Communauté des Cinq Cent, Aïta ou les Larmes de Saint-Laurent, Herr Kommandant.
HERR KOMMANDANT est un roman historique dans lequel la petite histoire
percute la grande. La petite histoire est celle d'une famille juive
niçoise menacée, spoliée de ses biens dans la vallée du Paillon et déportée. Elle est
traitée sous la forme de lettres écrites entre les
membres d'une famille et envoyées clandestinement durant
l'occupation nazie du département des Alpes Maritimes. La grande
histoire est mise en place et développée par l'interview
d'un nazi en cavale depuis mai 1945 et plus ou moins secrètement
réfugié en Syrie. Le lecteur découvre, au fil des
pages, un personnage raciste, amoral, orgueilleux et excessivement
violent. Il découvre également, en fin d'ouvrage, que
Herr Kommandant est un officier SS dénomé Aloïs
Brunner qui a été responsable de la mort de 145000 juifs en
Autriche, en Allemagne, en Grèce, en France et en Slovaquie. Il
découvre également qu'Aloïs Brunner a dirigé
les services de la Gestapo à Nice.
Cet ouvrage sans concession revisite la Shoa à travers le
tempéramment et les idées totalitaires d'un
individu qui érige le vice en vertu. Il apporte un éclairage
à travers le filtre de la fragilité humaine :
fragilité des déportés humiliés,
baffoués, volés, assassinés et fragilité de
la pensée des dominants. Peut-on rapprocher cet essai de Didier
Bonnafous de l'idée développée par Hanna Arendt
sur la banalité du mal ? Le mal répandu par Herr
Kommandant semble bien trouver son origine dans quelque chose
d'absolument banal : l'irresponsabilité, le besoin inné
de domination, l'image valorisante de la force, tout un cortège
de sentiments néfastes enfouis, de génération en
génération, dans la personne humaine.
Les tragiques évènements de janvier 2015 durant lesquels
j'ai lu l'ouvrage me semblaient reproduire ce que nous tentons vainement
d'eradiquer.
Chrsitian MARIA
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Didier Bonnafous
photographie nice-matin
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