Michel ONFRAY


non renseigné
Onfray
Michel ONFRAY - image du site LE FIGARO

COSMOS




Un ouvrage fleuve, un capharnaüm assumé comme tel pour tenter d'embrasser le monde, la nature, le cosmos. Un ouvrage fleuve qui renvoie l'homme à sa ridicule dimension, à sa nature animale, à ses incertitudes, à sa pulsion de vie, à ses forces dyonisaques, à son angoisse existentielle.

Le matérialisme est au cœur de la pensée d'Onfray : un matérialisme par la connaissance expérimentale de notre environnement et de nous-même, des sens qui sont mis à l'égal de la raison. Sens et raison, pulsions reptiliennes, déterminisme, choix illusoires, filiation animale de l'homme du XXIe siècle balloté entre les philosophies déclinantes et un questionnement angoissé. Onfray sabre le Marxisme, le Freudisme, le Christianisme. Il sabre également les philosophes des villes en donnant préférence aux philosophes des champs plus près de la nature, plus sensuels, plus hédonistes. Il sabre les rats de bibliothèques, ceux qui cherchent la vérité dans les livres, qui passent leur vie à lire et à écrire au détriment de l'expérience directe. Il magnifie le Gitan, les campements nomades, le génie de l'oralité. Il oppose culture et nature en rappelant que le mot culture est issu d'agriculture et que la première culture est celle de la connaissance de la nature. Il brise la flèche linéaire du temps chère au physicien (que ne l'ai-je utilisée des milliers de fois dans mes cours de mécanique?) pour renouer avec un temps cyclique, biologique, perçu en vivant immergé dans la nature. Image à laquelle je préfère celle de la spirale qui a l'avantage de concilier le linéaire (discrétisé) et le cyclique. Il pourfend Marx "qui haïssait les travailleurs de la terre" et Freud, ce charlatan. Il vante la musique binaire répétitive et minimaliste qui offre une issue hédoniste à l'histoire de la musique, permet aux humains de renouer avec les sens premiers du chamanisme. Il nie l'existence de Jésus : un négationnisme sans cesse repris et développé. Il dénonce le Christ comme étant une pure construction intellectuelle. Il appelle à la volonté de puissance de Nietzche qui proclame la mort de Dieu. Il pourfend la Chrétienté qui serait, à son analyse, mère de nombreux maux. Il déconstruit ce qu'il nomme le mythe chrétien pour le vieux culte païen de la lumière. Il examine les relations de l'homme avec l'animal, les végétariens, les végétaliens, les véganes, le droit des animaux, l'horreur des abattoirs, la dénonciation de l'homme carnivore qu'il n'approuve pas en tant que bon gastronome. C'est le grand retour d'Epicure avec l'amorce d'une philosophie épicurienne déclarée postchrétienne. Ofray est un hédoniste : un philosophe qui place le plaisir en règle de vie.
A la page 514, il achève son texte en donnant un abrégé de formules susceptibles de tendre vers une éthique sans morale.

Que penser d'un philosophe qui vante les vertus premières de nos relations avec la nature, la vérité par les sens, l'hédonisme, alors qu'il a passé sa vie dans la lecture et l'écriture, qu'il est passé à côté de tout ce qu'il prône ?
Comment résumer ce qui n’est pas résumable ?
Il vous reste à lire Cosmos, pour le meilleur et pour le pire.

Cosmos


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Nice
de la ville et des champs : Nice au soleil couchant

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